Podcast - Le coup de boost Agile

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Les transcriptions sont disponibles en bas de la page.

Couverture de la série de podcast Le coup de boost Agile (illustration)

Bande Annonce

Dans cette série de podcasts, nous vous proposons un format vivant pour découvrir et transmettre autrement le numérique public. Après une première saison consacrée aux projets numériques dans les ministères, cette nouvelle saison met le cap sur l’agilité.

Jihane Herizi, psychologue du travail et coach agile, donnera la parole à des figures inspirantes de l’administration… et d’ailleurs. Si vous voulez savoir à quoi peut ressembler un numérique public plus humain, plus audacieux et plus engagé : branchez-vous, et bonne écoute !

Visuel d'illustration de l'épisode 1 du podcast Coup de boost Agile

Épisode 1 - Campus du numérique public : la souveraineté par la compétence

Et si la souveraineté numérique de l’État passait d’abord par les compétences de ses agents ?
Dans ce premier épisode, Fadila Leturcq, cheffe du Campus du numérique public, raconte comment tout a commencé : une enquête de six mois, une petite équipe pluridisciplinaire, des méthodes agiles… et l’ambition de redonner confiance et pouvoir d’agir aux agents publics.

On y découvre la naissance d’une offre hybride de formations, les premiers retours du terrain, mais aussi les grands défis à venir : intelligence artificielle, passage à l’échelle et résilience des dirigeants.

Un récit inspirant qui montre comment, derrière chaque agent formé, se joue la transformation de l’État à l’ère numérique.

Transcriptions

Fadila Leturcq : Bonjour à toutes et à tous, curieux du service public de demain.
Je m'appelle Fadila Leturcq, et je pilote depuis 2 ans le Campus du numérique public à la Direction interministérielle du numérique.

La DINUM, pour les intimes.

Le Campus, c’est bien plus qu’un catalogue de formations.

C’est un espace où :

  • l’on rassemble,
  • valorise
  • et déploie l’offre interministérielle de formation au numérique.

Pour accompagner la transformation de l'État.

Je vous souhaite la bienvenue dans le podcast du Campus :

un format, vivant, où le numérique public se raconte et se transmet autrement.

Dans notre saison 1, intitulée "Le numérique dans tous ses états", nous vous avons emmené au cœur des projets en cours dans les ministères.
Et à la rencontre de celles et ceux qui les font vivre.

Pour cette saison 2, cap sur l’agilité !

Elle sera animée par Jihane Herizi Psychologue du travail et coach agile, que vous découvrirez plus en détail dans l'épisode 4.

Je ne vous en dit pas plus !

Jihane, ira à la rencontre de figures inspirantes de l’administration… et d’ailleurs !

Car l’agilité, ce n’est pas juste un mot tendance : c’est une réponse concrète aux incertitudes de notre époque.

Ce n’est pas non plus qu’une méthode :

c’est une culture :

  • du mouvement,
  • de l’ajustement permanent,
  • du doute fécond,
  • et surtout, de l’écoute active.

Et quoi de mieux que les récits sans filtres,

  • les voix du terrain,
  • les erreurs assumées,
  • les déclics et les bifurcations courageuses pour se l’approprier vraiment ?

Alors, si vous vous demandez à quoi peut ressembler un numérique public plus humain, plus audacieux, plus engagé… ?

Branchez vous… et bonne écoute !

Ce podcast est produit par la Direction interministérielle du numérique. Si vous aussi vous voulez devenir acteur de la transformation numérique dans la sphère publique, consultez notre site (Ouvre une nouvelle fenêtre) Campus du numérique public.

Jihane Herizi : Bonjour à toutes et à tous, on se retrouve dans ce premier épisode du Coup de Boost Agile. Comme vous l'a dit Fadila Leturcq en bande annonce, parce que j'espère que vous avez entendu la bande annonce, je vais partir durant cette saison 2 à la rencontre de figures inspirantes de l'administration et d'ailleurs, car comme le disait Fadila, l'agilité ce n'est pas juste un mot tendance, c'est une réponse concrète aux incertitudes de notre époque. Tout au long de cette saison, on va donc parler d'agilité, d'agentivité, d'administration, de transformation numérique de l'État.

Avec plusieurs invitées et on commence aujourd'hui l'épisode 1 avec Fadila Leturcq. Bonjour Fadila.

Fadila Leturcq : Bonjour Jihane.

Jihane Herizi : Comment ça va ?

Fadila Leturcq : Ça va très bien, il fait beau et on est en plein été, on a bien mangé.

Jihane Herizi : On a enregistré effectivement en mois d'août. Petit disclaimer, du coup, on n'est pas du tout au bureau, on n'est pas du tout dans un studio.

On a deux micros, un ordinateur, tout comme l'épisode de Mélodie qu'on fera juste après. On est en train de batcher les épisodes et on fait un podcast brut, sans musique, sans montage. On va juste être complètement nous et échanger sur les sujets de l'agilité. C'est quelque chose qu'on avait envie de faire toutes les deux. On avait envie de frugalité, de montrer que c'était possible, qu'on pouvait communiquer de manière agile. Qu'est-ce que tu en penses ?

Fadila Leturcq : Je pense qu'on essaye d'incarner l'agilité comme on essaye de l'enseigner. Donc, typiquement, ce podcast en plein mois d'août, c'est vraiment ça. On a essayé de concrètement l'incarner et de faire nos 1%.

Jihane Herizi : On fait nos 1%, donc on monte ce podcast de façon Lean, le Lean Startup, qui est la méthode de base de l'agilité. Donc, si un téléphone sonne, un chien aboie, une porte frappe, on bafouille, on se perd dans nos mots, ce n'est pas grave, tout va bien. Vous allez nous suivre tout au long de ce podcast de manière très authentique. Fadila, tu le disais dans la bande-annonce, très justement, ça fait deux ans que tu diriges le campus du numérique public. Ce campus auprès duquel j'ai une mission depuis quelques mois et avec lequel je travaille avec joie, avec toi et Mélodie. Est-ce que tu peux nous raconter un peu, avant de commencer à parler d'agilité, on va poser les bases. Qu'est-ce que c'est le campus du numérique public et surtout, pourquoi le campus du numérique public ?

Fadila Leturcq : Alors moi, je suis arrivée à la DINUM en 2020. Je ne suis pas du tout venue pour m'occuper du campus initialement. J'étais sur des sujets de transformation numérique, de stratégie numérique, absolument pas ancré dans les sujets de formation numérique. Et ces sujets-là étaient un peu portés, mais pas à grande échelle. Et donc, en fait, en 2023, le campus du numérique public a été créé. En fait, la volonté, c'était de répondre à un problème qu'on avait identifié. C'était que l'État ne peut pas transformer sans investir dans les compétences de ses agents. Et en fait, pendant longtemps, la DINUM a joué un rôle de DSI de l'État, d'incubateur, d'opérateur, de soutien, d'accompagnement. Mais la transformation numérique, elle s'est faite à vitesse grand V. Et quand une transformation numérique se fait à grande vitesse, on a besoin de talent pour soutenir tout ça. Or, le sujet RH était un petit peu dans l'angle mort de l'accompagnement interministériel. Donc, nous, on faisait très bien les produits, on accompagnait très bien sur les expertises. Néanmoins, sur les sujets des RH, les administrations venaient nous dire qu'on n'est pas assez attractifs, qu'on a du mal à retenir les talents. Aujourd'hui, il n'y a pas de concours dans la fonction publique qui mène à des métiers numériques dans l’administration. Donc, comment on fait pour tenir la cadence ? Et donc, en 2023, ça a été un petit peu un moment fondateur. Là, je parle d'avant la création du campus, parce que pour la première fois, on a eu un rapport qui est le rapport IGF-CGE sur les compétences numériques de l'État, qui faisait état des talents numériques dans l'État, en fait, du nombre de talents qu'on avait, sur quelles expertises, et qui se projetait sur les cinq ans à venir, sur les besoins futurs de l'administration. Et en fait, on s'est rendu compte qu'il fallait vraiment investir sur le sujet et qu'il fallait prendre un cap RH un peu plus affirmé.

Jihane Herizi : Ce rapport qu'on mettra, d'ailleurs, dans les notes de l'épisode du podcast, que vous pourrez lire pour pouvoir comprendre ce que vous raconte Fadila en images. J'imagine qu'il doit y avoir des graphiques et des chiffres.

Fadila Leturcq : Exactement.

Jihane Herizi : Tu me disais que ce sujet n'était pas nouveau.

Fadila Leturcq : Alors oui, ce sujet n'est pas nouveau parce que la mission talent de la DINUM, donc, en fait, la DINUM était dotée d'une mission talent qui avait la charge de faire quelques actions en interministériel, des actions mutualisées au service de l'attractivité des talents numériques et également quelques actions de formation, voire de création de parcours de carrière interne. Donc, c'était un salon, c'était un salon, pardon, c'était une mission.

Jihane Herizi : Il y avait un salon.

Fadila Leturcq : Et voilà, exactement, c'est ce que j'allais dire.

Jihane Herizi : Il y avait un salon de recrutement, je me rappelle.

Fadila Leturcq : C'était une mission qui proposait un salon de recrutement de l'emploi tech de l'État, des emplois tech de l'État. C'était une mission qui proposait une grille de rémunération. La première grille de rémunération, elle a été faite sous cette mission. Il y a eu quelques expérimentations, par exemple, la création d'un site qui concentrait l'ensemble des offres interministérielles. Donc, c'est aussi une mission qui se donnait le droit d'expérimenter des choses au service de l'attractivité et de la rétention. Donc, elle a quand même posé les bases de ce qui est venu faire après le campus, ainsi que d'autres services aujourd'hui qui constituent la DRH de la filière numérique de l'État. Et donc, comme je disais, en 2023, cette mission existait. Mais vraiment, ce rapport a marqué un cours, un coup d'accélérateur, en fait, dans la façon dont on abordait les RH dans l'État. Et donc, première pierre, entre guillemets, de l'évolution de l'État sur ces sujets RH de la filière numérique, ça a été la création du campus du numérique. Et quelques mois plus tard, la création d'une DRH de la filière numérique de l'État, qui est hébergée à la DINUM et qui vise à attirer, retenir, accompagner tous les talents numériques de l'État.

Jihane Herizi : Il y avait une volonté, tu me disais, de réduire un peu la dépendance aux prestataires privés. C'est quelque chose sur lequel tu es experte. D'ailleurs, tu interviens, il me semble, en école sur cette question du conseil. C'était quoi la volonté de créer le campus et cette DRH ?

Fadila Leturcq : Alors oui, je te confirme. En fait, 2023, je te dis, c'était un moment fondateur parce qu'il y a eu ce fameux rapport. Mais en fait, tout ça s'inscrit dans un contexte un peu plus large, qui est une volonté de réduire la dépendance aux prestataires privés, mais aussi des enjeux de souveraineté numérique qui sont grandissants et surtout une attention de l'État beaucoup plus marquée sur ces sujets-là. Pour la dépendance aux prestataires privés, en fait, on a eu, je ne vais pas revenir sur la polémique qui cible un certain cabinet de conseil. Néanmoins, on a eu beaucoup de réflexions post-Covid sur l'usage des cabinets de conseil au service des politiques publiques et du service public. Et on s'est rendu compte qu'on était en déficit de compétences sur certaines expertises de l'État. Les compétences numériques en font partie. Donc, tu disais qu'effectivement, j'avais développé une expertise là-dessus. En gros, si je te raconte rapidement, mais on n'est pas là pour raconter ma vie, mais si je te raconte rapidement, moi, initialement, avant d'arriver à la DINUM, j'étais dans le conseil. J'ai fait quelques années au sein de ce qu'on appelle un Big Four, donc un gros cabinet de conseil qui accompagnait des organisations publiques comme privées sur des enjeux managériaux. Donc, j'ai eu un pied dans le conseil, j'ai été consultante et j'ai décidé de rejoindre la DINUM parce qu'en 2020, le DINUM de l'époque avait décidé de créer un cabinet de conseil interne à l'État. Et donc, moi, je trouvais que l'aventure était intéressante parce que ça a participé de cette dynamique de réinternalisation des compétences. Et je trouvais ça intéressant d'avoir une in-house advisory team qui puisse accompagner les administrations et apporter un peu d'harmonie dans leur façon d'aborder le numérique. Et donc, moi, mon premier job à la DINUM, ça a été consultante interne à l'État en stratégie numérique. Et donc, j'ai pu voir la différence entre le conseil en externe quand on s'adresse aux services publics et le conseil en interne.

Et donc, moi, j'ai été passionnée par tous les débats autour du recours au cabinet de conseil. Et je me suis rendu compte qu'en fait, au sein de l'État, il y avait quand même énormément de talents qui n'étaient pas suffisamment exploités, formés, accompagnés pour pouvoir faire face aux grands enjeux du numérique. Et c'est la raison pour laquelle beaucoup d'administrations se tournent vers des prestataires privés, voire même organisent leur dépendance à ces prestataires privés. Et donc, déjà, sur la base de ce constat, on va dire que ça a donné un sens à ma mission au sein de la DINUM. Et au-delà de ça, c'est un sujet qui a interpellé beaucoup l'opinion publique. Et donc, j'ai décidé, sur sollicitation de Sciences Po, de monter un cours sur le sujet à destination des élèves en affaires publiques à Sciences Po.Et donc, en fait, depuis trois ans, je donne un cours sur l'enjeu de la réinternalisation des compétences numériques et de s'affranchir de la dépendance au cabinet privé. On se rend compte que l'État doit s'organiser là-dessus. Et le campus est justement là aussi pour répondre à ce besoin.

Jihane Herizi : Oui, parce que du coup, le campus forme, en continu de ce que j'ai compris, les agents de la fonction publique d'État.

Fadila Leturcq : Exactement, un peu plus même. En gros, initialement, le campus a été créé pour les agents de la fonction publique d'État. Donc, notre cible, c'est les agents de la fonction publique d'État. Mais il s'avère que, en fait, l'enjeu de formation numérique dépasse la seule fonction publique d'État. Il concerne toute la fonction publique. Et donc, en fait, pour le moment, depuis sa création, je t'avoue qu'en fait, sur plein de formations, on a des agents de la fonction publique territoriale, mais aussi hospitalière. Là, par exemple, on est en train de travailler avec l’AP-HP sur la formation de ces cadres dirigeants au numérique. Donc, nous, ça nous intéresse aussi d'aller voir les trois versants de la fonction publique. Ce n'est pas forcément notre mandat initial, mais quand on voit qu'il y a un problème ou un besoin dans une administration, on prend le challenge de s'y attaquer. Donc, voilà, le campus s'adresse vraiment à la fonction publique au sens large.

Jihane Herizi : Le campus agrège l'existant et les acteurs de la formation numérique. En tout cas, c'est la volonté, c'est le why, c'est l'objectif, c'est ce qu'on appelle une asymptote, c'est-à-dire vouloir arriver au maximum et toujours s'en rapprocher. Mais en fait, en réalité, on ne peut jamais avoir 100% de l'offre, même si on cherche à l'atteindre. Il y en aura toujours, toujours des nouvelles choses, toujours des nouveaux acteurs, toujours des nouvelles formations. Et le but du campus, c'est de se rapprocher au maximum de comment on agrège tout ça.

Fadila Leturcq : Exactement. En fait, aussi, la raison d'être du campus, elle a été, on va dire, nourrie par le fait que quand on est agent public, quand on était agent public en 2023 et qu'on cherchait une formation numérique, naturellement, on se tournait vers nos RH de proximité. Sauf que le numérique, ça va très vite et que les RH de proximité n'avaient pas forcément les catalogues à jour, ni la vue sur toute l'offre interministérielle. Donc déjà, ça, c'était un premier constat. Ensuite, deuxième constat, c'est que les administrations ne nous ont pas forcément attendus pour former leurs agents numériques, mais elles avaient déjà fait des choses et il était important de les mettre en visibilité. Donc, le campus, c'était aussi une vitrine pour ces administrations, pour montrer ce qu'elles avaient déjà fait et ce que l'on pouvait faire passer à l'échelle. Je donne un exemple très concret. Pendant le plan de relance, donc ça, c'est ça précédait la création du campus du numérique. Pendant le plan de relance, il y avait des guichets qui étaient dédiés à la formation numérique des agents publics et l'IGPDE à Bercy, qui est l'organisme de formation de Bercy, avait créé ce qu'on appelle le cycle supérieur du numérique, c'est un cycle pour les cadres supérieurs, cadres dirigeants, qui est dédié à leur formation numérique et qui s'adresse à des agents de la fonction publique. Ce cycle-là était initialement dédié aux agents de Bercy. Et bien, il a tellement bien fonctionné et on en voyait tellement bien l'utilité que pendant le plan de relance, la DINUM a financé son interministérialisation. Donc, en gros, on est aussi venus, nous, le campus, on est aussi là pour augmenter, entre guillemets, ce qui existe dans les ministères et le faire passer à l'échelle parce qu'il y a des choses exceptionnelles qui sont faites sur le terrain. Et en fait, le rôle de l'interministériel, c'est de coordonner tout ça, de mettre en lumière et d'accélérer.

Jihane Herizi : Donc, agréger l'existant, être soi-même un acteur de la formation, puisque le campus crée des formations dont tu vas nous parler juste après. Moi, j'ai vraiment une question. Pourquoi t'as pris la tête du campus ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Quel est ton « why » profond ? Pourquoi tu t'es dit « je dois prendre la tête de ce département et en faire quelque chose » ?

Fadila Leturcq : Alors, moi, je crois... J'ai beaucoup baigné dans les sujets qui traitent à la défense, à la souveraineté, etc. Donc, pour moi, la souveraineté numérique, ça a toujours été un grand sujet d'attention. Déjà, quand je suis arrivée, que j'ai mis un pied à la DINUM en tant que consultante interne en stratégie numérique, le sujet de la souveraineté m'a torturée, animée. Enfin, vraiment, ça a été passionnant de voir la façon dont les administrations se l'appropriaient et la façon dont ils organisaient leurs programmes, leurs services pour pouvoir y concourir. Je t'ai évoqué le sujet du recours au cabinet de conseil, qui a encore plus relevé mon attention sur ce sujet. Mais il y a un truc, moi, que j'ai constaté, c'est qu'on ne transforme pas l'État sans transformer les femmes et les hommes qui font l'État, en fait. Ce n'est pas possible de donner, de faire des injonctions à la transformation numérique sans accompagner les personnes qui composent l'État, les personnes qui vivent le numérique au quotidien, les personnes qui vont faire usage des outils numériques et des services que l'on crée. Donc, moi, j'ai une conviction profonde, c'est que la souveraineté, ça passe aussi par la compétence. Donc ça, c'est vraiment ce pourquoi j'ai voulu, on va dire, prendre le pilotage de ce projet, à savoir la création du campus. Et autre chose, c'est que quand j'étais consultante interne en stratégie numérique, j'ai rencontré énormément d'agents publics de plein de ministères et j'ai vu que, alors, ils n'étaient pas dépossédés des sujets numériques. Néanmoins, j'ai vu qu'il y avait un fort potentiel pour qu'ils puissent mieux se les approprier. Et je pense que les former, c'est aussi leur redonner davantage confiance en la transformation numérique et en la façon dont elle est menée, parce qu'on en fait des acteurs. Donc, pour moi, c'est vraiment leur redonner de la maîtrise, leur redonner du pouvoir. Voilà, c'est un petit peu les deux moteurs qui m'ont poussée à prendre le pilotage du campus du numérique. En fait, pour moi, c'est la mission du campus. Aujourd'hui, elle est essentielle, tant pour l'État et ses services que pour les usagers du service public.

Jihane Herizi : De ce que j'entends, finalement, tu résumes ça à la souveraineté, donc la souveraineté personnelle pour aider à la souveraineté de l'État. En fait, on ne peut pas avoir la souveraineté de l'État si les agents ne sont pas souverains d'eux-mêmes et de leur formation et de leurs compétences. Finalement, on pourrait résumer le campus à reprendre du pouvoir, de la maîtrise, de la souveraineté sur soi pour aider l'État à le faire.

Fadila Leturcq : Tu as parfaitement résumé ma pensée.

Jihane Herizi : Ou alors, c'est toi qui a été hyper claire en l'expliquant rapidement comment il a été créé, parce qu'on parle d'agilité quand même dans ce podcast. Et moi, depuis quelques mois, je travaille avec toi et je trouve que ta façon de travailler est très agile et à trois avec Mélodie, qu'on entendra dans l'épisode d'après. Il y a une façon de fonctionner, t'as une façon de fonctionner, t'as une façon d'avoir créé le campus tous les jours, de le mener, de le manager qui est agile. Est-ce que tu nous racontes un peu l'irritant, le problème, la solution, le besoin, les utilisateurs, l'équilibre, comment t'as fait de manière agile le campus ?

Fadila Leturcq : Alors, ça a été une création en plusieurs étapes, ça a été très long. Il faut savoir que l'investigation sur le problème préexistait avant d'arriver sur le campus. Donc, il faut rendre à César ce qui revient à César. C'est la mission talent qui, dans le cadre de ces missions, avait identifié un vrai sujet autour de la formation aux compétences numériques et des remontées interministérielles sur ce sujet. Moi, à l'époque, j'étais encore consultante interne, même si je percevais des besoins et que je faisais moi-même remonter à la mission talent. Je n'étais pas encore pleinement engagée dans ce sujet. Et donc, en gros, l'idée, c'était d'aller comprendre quels problèmes les administrations, on va dire, avaient en matière de formation numérique. Ce qui est bien, c'est qu'en fait, quand on a géré le plan de relance numérique à la DINUM, il y a deux guichets dédiés aux compétences numériques, à la formation aux compétences numériques qui ont été créés et qui ont permis de financer des projets de formation aux numériques qui étaient proposés par plusieurs administrations. Ça, ça nous a permis de faire un premier constat.

Les besoins sont grands, les moyens sont petits, pas forcément au rendez-vous. Déjà, il faut plus investir. Il fallait plus investir dans la formation aux numériques parce qu'on voyait les besoins exploser, mais pas forcément les moyens dédiés au sein des administrations à ce sujet. Donc, déjà, un vrai problème de moyens alloués à la formation aux compétences numériques, alors que c'était un sujet grandissant et en plus qui a explosé pendant le Covid. Premier constat. Deuxième constat, c'est qu'au détour d'échanges avec des agents, on se rendait compte qu'un agent de la filière numérique, par exemple, qui allait demander une formation à un langage informatique ou une formation à une nouvelle technologie à ses RH, se heurtait parfois à un manque de culture numérique de la part des services de ressources humaines et une incapacité à remplir le besoin des agents de maintenir en condition leur compétence, voire de monter en compétence. Et donc, il y avait une tendance à l'auto-formation des agents. Et on sait très bien que dans plein d'organisations, la formation, c'est un facteur de rétention. C'est un facteur d'accompagnement des talents dans leur carrière. Or, aujourd'hui, là, on était, je ne dis pas aux abonnés absents, ça dépend des administrations, mais on n'était pas suffisamment solide pour répondre aux besoins des agents qui faisaient le numérique du public. Et à côté, on avait des agents qui voyaient une vague d'outils numériques arriver, des nouvelles pratiques arriver, du travail collaboratif arriver et qui n'étaient pas forcément dotés, outillés en termes de compétences pour absorber cette vague. Donc, quand on n'est pas doté et outillé en termes de compétences, naturellement, soit on a peur de ce qui arrive, soit on rejette ce qui arrive, soit on s'extrait. En fait, on a plusieurs mécanismes qui se créent. Et donc, là, l'idée, c'était de les rassurer en leur donnant la compétence qu'il faut au bon endroit, au bon moment. Et après, un autre problème qu'on a identifié, c'est qu'on a des cadres dirigeants et des cadres supérieurs dans l'État. On en a 25 000 et je ne sais pas si tu te souviens. Il me semble que c'était au début du second mandat du président de la République. Il a été demandé à l'administration de former les 25 000 cadres dirigeants et supérieurs de l'État à la transition écologique parce que c'est un enjeu d'aujourd'hui, c'est un enjeu de demain et il faut absolument que les décideurs publics puissent, on va dire, embrasser cet enjeu en ayant les compétences qu'il faut. Et donc, nous, ce qu'on constatait, c'est que sur le numérique, on avait encore énormément de cadres dirigeants et supérieurs qui étaient insuffisamment formés à ce sujet. Donc, on a été creuser ce sujet, ces problèmes, pardon, ces multiples problèmes que j'ai cités. Et pour ça, ce qui a été assez intéressant, c'est qu'il y a eu une alliance entre la mission talent de la DINUM et BetaGouv, donc Mélodie, je crois, qui intervient dans l'épisode d'après. Mélodie a été la personne chez BetaGouv qui a mené l'investigation pour comprendre ces différents problèmes, avec une personne de la mission talent qui est désormais dans l'équipe du campus qui s'appelle Marie. Et donc, toutes les deux ont fait, il me semble, plusieurs mois d'investigation, je crois, trois mois d'investigation pour bien explorer ces problèmes. À partir de ça, elles ont élaboré un diagnostic et c'est de là qu'a émergé l'idée de la création d'un campus numérique public.

Jihane Herizi : BetaGouv, donc c'est beta.gouv.fr, on en parle avec Mélodie dans l'épisode d'après pour vous raconter un peu ce que c'est, comment elle y a travaillé et comment elle a créé son propre produit, startup d'État. On ne va pas s'étaler sur BetaGouv ici. Vous pouvez découvrir plus d'informations dans l'épisode avec Mélodie. Donc, elles font une investigation. Mélodie nous racontera dans l'épisode d'après, d'ailleurs, comment elle a investigué une autre startup d'État. Elles en font un diagnostic. Elles se rendent compte, du coup, que le problème est bien valide. Finalement, c'est un multiproblème, mais qui revient au problème que tu disais, du manque de souveraineté personnelle de ces compétences numériques. Et donc, je ne suis pas souverain de mes compétences. Je ne peux pas aider l'État à le devenir, qui ensuite est découpé en plein de mini-problèmes. Et donc, qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ? Dès que le problème est validé, c'est oui, on a compris, il y a des problèmes.

Fadila Leturcq : Voilà, elles le présentent. Moi, en parallèle, j'étais encore consultante et je m'intéressais à ce sujet de réinternalisation des compétences. Donc, je commence à échanger avec cette petite équipe en leur disant « Attendez, là, vous voyez bien qu'on a plein d'injonctions, on a des circulaires PM qui nous disent qu'il faut réinternaliser les compétences numériques. Et si on commençait par le conseil ? C'est un sujet que je connais bien. Je suis consultante interne, donc venez, on monte un parcours sur ce sujet. Donc, on commence à réfléchir à la création d'un parcours sur ce sujet. Et naturellement, moi, j'arrive à la fin de mes trois ans en tant que consultante interne, j'ai un passé de RH aussi. Ça, je ne te l'ai pas précisé, mais moi, j'ai un passé de RH. J'ai fait du conseil RH, j'étais dans un think tank dédié à des DRH. J'ai fait des RH dans un gros groupe de l'automobile. Et donc, je commence à m'intéresser à ce sujet de la formation. Et je me dis, pourquoi pas allier, on va dire, l'accompagnement que j'ai fait auprès des administrations avec cet enjeu de réinternalisation des compétences, de formation et de souveraineté ? Et donc, c'est à ce moment-là que je prends le pilotage du campus. Donc, je change de poste, c'est une mobilité interne. Et donc, il y a cette investigation. La direction prend la décision de créer le campus. Je suis recrutée pour prendre le pilotage du campus. Et ensuite, on crée une équipe parce que c'est important de créer une équipe.

Jihane Herizi : Vous avez créé le premier produit avant que l'équipe se monte ?

Fadila Leturcq : Alors, sur les produits qu'on a faits, ça a été tout simple. Ça a été une cartographie de l’existant en interministériel et une mise en visibilité. Ça a été un catalogue de formation.

Jihane Herizi : La base finalement. D'abord, on regarde ce qui existe.

Fadila Leturcq : Exactement.

Jihane Herizi : Vous le faites comme des produits, en fait, vos produits de formation. C'est comme les services publics numériques dont on parle aujourd'hui. Vous êtes partie d'un problème et d'un besoin. Vous avez créé le parcours. Puis ensuite, j'imagine, vous avez testé et déployé, c'est ça ?

Fadila Leturcq : Exactement. En fait, on a conçu déjà la méthode d'investiguer le problème. Ça nous a tout de suite mené à penser agile quand on a réfléchi la conception de ce campus. Mais on s'est dit, on ne veut pas faire une énorme boîte avec des offres de formation dans lesquelles les administrations viennent s'adapter. On ne veut plus être dans une posture où nous, on propose des choses, en regard d'observation de terrain, donc des problèmes identifiés ou des besoins identifiés. On crée des produits de formation sur lesquels on itère, parce qu'il ne veut surtout pas se dire que la façon dont on délivre des compétences en 2023 sera la même qu'en 2025 ou en 2027, on le voit déjà. L'IA est venue complètement bouleverser à la fois notre offre de formation et même toutes les réflexions interministérielles qui arrivent. Donc, on a vraiment, on s'est dit, on crée le campus, c'est une marque, c'est une vitrine, c'est plein de choses. Ce n'est pas forcément le produit, le campus, mais dans le campus, il y a plein de produits. Et donc, c'est comme ça qu'on a pensé un petit peu cette organisation. En fait, on a pensé, on s'est mis à la place des agents publics, on s'est dit, je suis agent, j'ai envie de me former au numérique, c'est au campus que je dois aller et dans le campus, je vais aller consommer tel, tel, tel, tel produit. C'est comme ça qu'on a pensé le campus. Et donc, là, l'idée, c'est à ce moment-là, au moment de la création du campus, c'est de se dire, bon, OK, maintenant, il faut former au numérique. Qu'est-ce qu'on va faire ? Comment on va le faire ? De quoi ? D'où on part ? Qui va le faire ? Qui va le faire ? Donc, en gros, on a déjà commencé par créer une équipe. Je pense que c'est important parce que... Donc, Marie, qui faisait partie de la mission talent, s'est complètement greffée au projet et elle a été aux prémices de la création de ce campus. On a ensuite recruté une personne qui est fonctionnaire, qui connaît bien l'administration, qui a fait de la formation à l'INRIA par le passé, qui a fait les IRA et qui avait une connaissance profonde de l'administration parce qu'on trouvait ça important. Nous, en interministériel, comme on aborde un sujet qui est très administratif, la formation, d'avoir une personne qui ait à la fois la connaissance des enjeux de formation et la connaissance de l'administration. Et on a ensuite été recruté une ingénieure pédagogique. Donc, l'idée, c'était d'avoir une équipe pluridisciplinaire, complémentaire, qu'on n'ait pas des profils uniformes, d'une diversité d'expériences, de statut, de connaissances du numérique, etc. pour aller vite. Parce que le besoin était pressant et faire bien aussi. Parce que moi, je crois au fait qu'il faut qu'on ait des diversités de vues, en tout cas dans une équipe.

Jihane Herizi : Du coup, c'est marrant parce que tu dis, on n'a pas pensé le campus comme un produit de base. Finalement, le campus est un produit, tu es intrapreneur aujourd'hui.

Fadila Leturcq : C'est un macro-produit fait.

Jihane Herizi : C'est un produit, Instagram est un produit, LinkedIn est un produit. Ça n'existe même pas macro, c'est que tu peux aller jusqu'au bout du monde avec un produit. Mais du coup, le campus, finalement, est un produit avec des sous-produits. Donc, tu es l'intrapreneur avec cette équipe. Et vous avez fait un truc agile dont on parlera aussi avec Mélodie, c'est finalement, on ne recrute pas des postes. On n'a pas été chercher une personne qui fait ça, qui fait ça, même si vous avez recruté une ingénieure pédagogique. Mais l'idée, c'était de faire une cartographie de quelles compétences on a besoin dans une équipe agile pour que ça fonctionne et pour qu'on aille vite. Et OK, il y a telle personne, telle personne, telle personne, telle personne. Et je crois comprendre que jusqu'à maintenant, c'est comme ça que tu fonctionnes. C'est quels sont les trous dans la raquette en termes de compétences ? Ça ne m'intéresse pas de chercher un poste ou une typologie de poste, en fait, de fiche de poste. C'est cette personne a cette compétence-là. Il nous manque cette compétence.

Et comment on crée une équipe agile ? Et c'est ça que vous avez fait, qu'on a fait et qu'aujourd'hui on est. Finalement, on a un peu toutes les compétences dans l'équipe. Peu importe notre poste, finalement.

Fadila Leturcq : Exactement.

Jihane Herizi : La preuve, c'est qu'on fait un podcast aujourd'hui, alors qu'on n'est pas des podcasteuses. C'est juste que j'ai la compétence du podcast et ainsi de suite. Et on fait des choses qu'on ne fait pas : on fait le café, on fait des impressions…

Fadila Leturcq : C'est ça, déplacer les chaises…

Jihane Herizi : Les goodies et des kakémonos… En fait, on fait tout, mais on a chacune des appétences pour des choses. Et chacune dit en fait, moi, c'est OK, je vais faire ce truc-là. Je vais déménager tel truc. C'est OK pour nous, en fait. On est en mode start-up, en fait.

Fadila Leturcq : On est en mode start-up. On n'a pas voulu créer une structure avec un organigramme. Et on s'est dit, il nous faut ça, il nous faut ça. Non, parce qu'on ne savait pas encore où on allait. Mais on savait qu'on avait besoin de force vive et que si demain, on devait créer un produit de formation, eh bien, on avait des compétences qu'il fallait autour de la table pour pouvoir le faire.

Jihane Herizi : Mais des compétences, surtout, c'est pas des compétences du type, cette personne, elle fait tel métier, cette personne, sa zone de génie, son kiff. Et ce qu'elle fait dans la journée, qu'elle adore, c'est ce truc-là.

Fadila Leturcq : De savoir-être et de savoir-faire.

Jihane Herizi : Mais ce n'est pas un métier, en fait. Quand on envoie la newsletter toutes les semaines, ce n'est pas quelqu'un qui est dans la com qui le fait. C'est chacun, on va dire, moi, je vais apporter cette bille-là. Et finalement, l'agilité, c'est ça aussi. C'est de savoir reconnaître ce qu'il y a derrière un CV et ce que les gens te disent en fait, ah tiens, ce truc-là, je pourrais le faire. Et ce truc-là, je n'ai pas trop envie, mais il y a quelqu'un d'autre dans l'équipe qui est OK pour le faire. Et donc, c'est de savoir se mouvoir un peu dans ce genre d'équipe, en tout cas pour être agile. Super.

Et bien évidemment, on va parler d'impact. Parce que là, on a parlé de problèmes. On a parlé de débit de solution, construction de produits. On a parlé d'équipe et on essaye... En tout cas, moi, je te vois agir au jour le jour sur le bien-être de l'équipe, la santé mentale de l'équipe. C'est un des critères dont on parle dans le booster agile, le cahier de vacances, les formations à l'agilité. Et bien évidemment qu'on va avoir un épisode que je vais tenir dans l'épisode 4 sur la santé mentale. Mais il y a le deuxième pan de l'agilité, qui est l'impact recherché du produit. Tu peux nous en dire un peu plus sur ça ?

Fadila Leturcq : Alors, la formation, c'est toujours, c'est toujours compliqué de mesurer l'impact d'une formation. Et ça, je pense que c'est partagé par des entreprises privées comme des organisations publiques. Quand on forme, on ne sait pas si la compétence est bien acquise. Donc, il faut déjà mesurer ça. Et on ne sait pas comment elle va être déployée dans le quotidien des agents, des salariés, dans la pratique. Et ça, qui la mesure ? Et ça, qui la mesure ? Qui peut mesurer ? Est-ce que c'est les formateurs ou les managers ou l'agent lui-même qui peut sonder ? C'est vrai que ça a été un casse-tête. Donc, effectivement, on s'est beaucoup creusé, creusé, creusé, creusé les méninges pour se dire quel impact est recherché par le campus. Alors, on a été aidés. C'était super dès le départ parce qu'on a fait en sorte, comme je te disais, d'avoir une équipe pluridisciplinaire. Je t'ai dit qu'on avait recruté, mais on s'est aussi fait aider de Félix. Félix, qui travaillait pour des startups d'Etat déjà et qui est venu un petit peu nous partager la méthode startup d'Etat et la façon dont l'impact a été créé. En tout cas, pensé dans nos startups. Et donc, en fait, nous, on va essayer au campus, pas seulement de se contenter de seulement faire l'acte de formation. Ça, ce n'est pas notre objectif. On va le faire. On va le faire très bien. On va le mesurer. On va se dire, dans telle administration, tant d'agents bénéficient de X jours de formation numérique. Ça, il n'y a pas de problème. Mais ce n'est pas forcément là où on a notre impact. Nous, on va essayer d'identifier la chaîne de valeurs sur laquelle nous, on intervient et essayer d'aller sonder à chaque maillon de la chaîne la façon dont notre acte de notre action de formation a eu des effets. Si je prends l'exemple de l'agilité, en gros, quand on forme à l'agilité, on n'a pas juste mesuré le temps qu'on a dédié à la formation et le nombre d'agents qu'on a formés. On va aller voir la façon dont les agents évoluent à trois mois, six mois, un an. Ça, c'est hyper important pour nous. On va aller voir aussi, par exemple, si ça leur a permis d'avoir une mobilité, cette formation, si ça leur a permis d'évoluer dans leur pratique. L'impact va être évalué par du « a posteriori » de la formation, beaucoup plus que sur l'acte de formation en lui-même. C'est toute la complexité, on n'est pas sur un service numérique sur lequel on va avoir des stats et des datas bien élaborés. C'est un travail de longue haleine. Un acte de formation qu'on fait aujourd'hui, il faudra qu'on en évalue les impacts dans un an, un an et demi.

Jihane Herizi : Et l'impact dans un an et demi, ça peut être juste « j'ai quitté mon poste, j'ai changé de poste, ça va mieux dans mon équipe ». Il y a tellement de mesures d'impact finalement qualitatives, autant que quantitatives.

Fadila Leturcq : Exactement. Et par ailleurs, la complexité autour du numérique et des produits qu'on a au sein du campus, c'est que l'impact ne va pas être le même d'une formation à une autre. Oui. Parce que là, quand on forme à l'agilité, ce n'est pas la même chose que former un développeur à l'accessibilité parce qu'il est obligé de se conformer aux standards d'accessibilité. Alors que l'agilité, c'est une posture, mais il n'y a pas forcément d'obligation sur le reste. Donc en fait, l'impact, on ne va pas le mesurer de la même façon en fonction des formations qu'on délivre.

Jihane Herizi : Sur des formations de type obligatoire, en tout cas certifiantes ou qui te permettent de faire un acte obligatoire, à une formation qui est un must-have, une bonne chose pour toi.

Fadila Leturcq : Exactement.

Jihane Herizi : Très bien.

Fadila Leturcq : Après, que te dire sur la création du campus ? Je te disais, c'était plusieurs étapes. Et tu as évoqué quelque chose tout à l'heure, tu as parlé de cartographie, de savoir où on en était. Et comme je t'ai dit, notre premier produit, ça a été de créer un catalogue de formations sur la base de l'existant. En fait, ça, ça a été notre premier job, se situer dans l'existant. Parce qu'on arrive en interministériel avec ce grand projet, mais il ne faut pas oublier qu'on avait, nous, déjà fait des choses, que les ministères avaient déjà fait des choses, que le plan de relance a permis de financer des choses. Et moi, j'ai une conviction, c'est que quand on refuse de s'appuyer sur les briques existantes, qu'on repart de zéro, qu'on cherche à innover à tout prix, qu'on cherche à tout redéfinir, en fait, on s'isole. Et moi, ce n'était pas mon objectif. Moi, je me suis dit, le campus doit rassembler tous les acteurs de la formation au numérique interministériel et tout ce qui a déjà été fait. Donc, en fait, la V1 du catalogue, ça a été d'identifier, de cartographier tout ce qui avait déjà été fait par les ministères, de mettre en visibilité, voire de proposer aux administrations d'ouvrir des places en interministériel. Ça, ça a été vraiment notre premier job.

Jihane Herizi : C'est important parce que ça vous permet aussi de savoir où placer votre énergie. On a tout ça. Et maintenant, les trous dans la raquette, c'est ce qu'on disait tout à l'heure. Finalement, quel est le problème ? Où est-ce que ça manque d'acteurs ? Où est-ce que ça manque de formation, etc.

Fadila Leturcq : Là, c'est ce que tu dis. C'est hyper intéressant. Effectivement, ça nous a permis d'identifier les angles morts. Et en fait, ça nous a permis d'aller, en tout cas dans notre production, vers des produits de formation qui n'existaient pas, qui n'existaient pas. Et pour moi, c'est là où on a notre 0 to 1. C'est là où on a une vraie valeur ajoutée en tant que campus. C'est qu'on va venir intervenir sur tout ce qui n'est pas encore exploré en termes de formation numérique dans l'administration.

Jihane Herizi : Ce qu'on est en train de faire là, l'agilité finalement, la communication agile. Je sais qu'il y a une formation de chargé de déploiement qui est en train d'être créée, produit. Et puis, il y a une grosse formation de conseiller en stratégie numérique, finalement, qui rejoint ce que tu faisais avant. Et pour s'affranchir du privé, il faut que les gens deviennent aussi des consultants en interne. Il y a une formation là-dessus, il me semble.

Fadila Leturcq : C'est une formation de six mois et typiquement, c'est du jamais vu. On n'aura jamais un organisme privé qui viendra former des consultants internes dans une administration. Autant nous saisir du sujet. Et c'est là où c'est assez intéressant, parce que quand on a lancé cette formation, on a eu plusieurs clients. On a eu le ministère de la Transition écologique, etc., et qu'on a accompagné pour réfléchir à la création de postes de consultants internes. Ça veut dire que cette formation, elle a engendré la création de postes de consultants internes. C'est le cas au sein du ministère de la Culture, c'est le cas au sein du ministère de la Transition écologique. Désolée pour les acronymes, je dis MTE, mais en fait, c'est le ministère de la Transition écologique. En fait, cette formation a concrètement permis, tu vois, là, si on recherche l'impact, l'impact, finalement, ce ne sera pas le même d'un produit de formation à l'autre. Cette formation a concrètement permis la création de postes en interne pour réinternaliser la compétence en conseil.

Jihane Herizi : Et finalement, réinternalisation et finalement, moins de dépenses envers les cabinets privés. Et finalement, et finalement, en fait, l'impact, c'est une boule de neige. Moi, je suis intervenue dans cette formation et on remercie aussi les autres intervenants. Et je pense notamment à Thomas Houy, dont on mettra le coursera, enfin le, comment on appelle ça, le MOOC et son livre en bas du podcast, qui est excellent et qu'on vous invite, peut-être même que je l'inviterais sur un des épisodes, parce qu'il est juste incroyable. Manager dans l'incertitude, c'est l'avenir, c'est le monde de demain. Justement, on parle d'incertitude. On ne connaît pas les cibles au départ. On ne connaît pas toutes les compétences à développer. On arrive sur le campus, c'est qui, c'est quoi, c'est comment, on va les atteindre ? Comment, comment vous allez définir un peu les cibles et les compétences ?

Fadila Leturcq : Alors là, tu nous parles, on est le campus du numérique public hébergé à la DINUM. Donc déjà, par nature, on est interministériel. Il faut savoir que dans la fonction publique d'État, les agents publics, on les compte en millions. C'est cinq millions au total, je crois, un peu plus de deux millions pour la fonction publique d'État seule. Et en fait, quand t'es en interministériel, tu te prends en pleine face la diversité de cibles, la diversité d'administration aussi, avec des métiers très différents, la diversité de missions, la diversité de besoins. Donc nous, on a identifié trois grandes cibles qui sont des cibles génériques. Ça va être les agents de la filière numérique, donc ceux qui font le numérique d'aujourd'hui. Ils ont besoin d'avoir leurs compétences à l'état de l'art pour remplir les besoins numériques de l'État. Ça, c'est vraiment notre première cible. Les cadres dirigeants et les cadres supérieurs, pour les raisons que j'ai évoquées tout à l'heure, parce que c'est eux qui sont sponsors de la transformation, parce que c'est eux qui pilotent, dirigent, gèrent les administrations, qui tiennent les bourses aussi des administrations, qui donnent leur GO ou pas, qui incarnent aussi la transformation. Pour nous, c'est important de les aguerrir en matière de numérique. Et aussi tous les agents publics, parce qu'en fait, peut-être que tu inviteras quelqu'un qui travaille là-dessus, mais par exemple, on est en train de déployer une suite numérique dans l'État, des outils collaboratifs à destination des agents publics, le quotidien des agents s'envoie bouleverser. Même là, avec l'IA qui va arriver dans le quotidien des agents, tant en termes de process qu'en termes d'interaction avec les usagers, etc., en fait, tous les agents publics vont voir leur environnement numérique de travail se transformer, donc leur travail se transformer. Et pour ça, il faut les former.

On a ces trois cibles génériques, agent de la filière numérique, cadre dirigeant supérieur et en fait, tout agent public. Mais à chaque fois qu'on crée et qu'on pense à un produit de formation, on affine ses profils, on affine ses cibles, parce que, par exemple, dans la formation conseillers qu'on évoquait tout à l'heure, aujourd'hui, on a 35 personnes sur un parcours de six mois. Dedans, tu as des gens qui ont fait du numérique avant, donc des agents de la filière numérique qui étaient soit développeurs, qui ont dirigé des programmes numériques ou autres. Mais tu as aussi des gens qui sont issus du métier et que parce qu'ils connaissent bien le métier, ils feront des très bons conseillers en stratégie numérique parce qu'eux, ils savent mettre le numérique au service de la politique publique et de son impact. Et en fait, eux, ce dont ils ont besoin, c'est juste s'aguerrir pour bien comprendre les enjeux du numérique, parce qu'au final, le rôle d'un conseiller, ce n'est pas forcément d'être dedans. Il ne va pas développer le conseiller. Mais c'est d'être dans une posture de conseil, mais qu'il soit au plus près des besoins de l'administration. Donc, en fait, typiquement, conseillers en stratégie numérique, on n'a pas une seule cible, on a plusieurs cibles. Et à partir de ces différentes cibles, on va leur proposer des parcours qui sont adaptés à ce qu'ils viennent rechercher.

Jihane Herizi : Finalement, ça rejoint la question que je te posais sur les compétences. C'est qui a besoin de quoi ? À quel niveau de maîtrise ? Est-ce que c'est plutôt des méthodes ? Est-ce que c'est de l'information, de l'accessibilité, de la data, de l'agilité ? C'est un peu ça, c'est comme ça que vous avez construit vos référentiels et à chaque fois, ça évolue en fonction de la réglementation. Comme tu disais, création de nouveaux postes égale nouvelle formation, évolution du métier de conseiller. Et j'imagine qu'il y aura un niveau 2, un niveau 3 parce que finalement, ils vont avoir encore plus de besoins. Le monde change. Donc là, on a les cibles, on a les compétences. Tu nous as parlé tout à l'heure d'identifier les angles morts et les produits qui n'existaient pas, que tu as créés, que vous avez créés dans l'équipe, qui sont l'agilité, conseillers en stratégie numérique, communication agile, chariot de déploiement. On mettra une petite liste à la fin du podcast avec le site du campus et toutes les formations qui sont en ligne. Mais évidemment, le module IA dont parlait Monsieur le ministre Marcangeli.

Fadila Leturcq : Oui, on a fait une vidéo cet été.

Jihane Herizi : Cet été, qui nous a fait une vidéo et un post sur LinkedIn qu'on vous mettra aussi en bas. On a les DAC qui ont suivi tout un parcours de formation. Ils étaient combien ? Une centaine ?

Fadila Leturcq : Alors, en fait, les DAC, c'est les directeurs d'administration centrale. Ils sont 220 au sein de l'État. Ils sont pilotés, en tout cas, leur carrière est pilotée par la DIESE, la délégation interministérielle à l'encadrement supérieur de l'État. Et donc, on a commencé pour la formation des cadres dirigeants et supérieurs de l'État par cette cible-là, parce que pour nous, c'est on va dire, c'est tous les dirigeants des grandes politiques publiques et des administrations. Ils étaient 220 et en fait, au lancement du campus, on leur a proposé un programme de formation. Alors, ce programme de formation s'étend sur un an, mais il ne prend pas beaucoup de temps en réalité. En fait, sur un an, on va leur proposer une journée de formation obligatoire à l'INSP, où on fait intervenir des personnalités inspirantes. Tu as cité Thomas Houy, mais aussi on a fait intervenir Gilles Babinet, des CIO de start-up. Voilà, on a eu vraiment des personnes qui sont venues un petit peu les secouer, un petit peu les alerter sur l'importance en tant que dirigeant de s'intéresser au numérique. Ensuite, ils ont une demi-journée de learning expedition, donc d'expédition apprenante pour être française. Donc, on les emmène hors les murs, découvrir le numérique. Donc, on les a emmenés voir des GAFAM, parce que je pense que c'est important quand on parle de souveraineté (Google…) on les a emmenés voir des grandes boîtes françaises de la tech, je pense à Dassault Systèmes, par exemple. On les a emmenés voir des start-up de la French Tech ou des Lauréats de France 2030. On les a emmenés dans des maisons France Service aussi ou chez Emmaüs Connect.

Jihane Herizi : C'est nos GAFAM à nous.

Fadila Leturcq : Exactement, c'est nos GAFAM à nous. Et en fait, pourquoi aussi Emmaüs Connect ou les maisons France Service ? Parce que pour nous, ces entités-là, c'est quand même des vecteurs de l'inclusion numérique. Et c'est important aussi de sensibiliser des dirigeants à qui on dit il faut transformer les administrations, il faut transformer les politiques publiques, au fait qu'il faut le faire bien. Il faut le faire dans l'inclusion des citoyens, des usagers. Et aussi des agents qui composent l'administration. Et donc, c'était important pour nous de les emmener, par exemple, chez Emmaüs Connect. On a des directeurs d'administration centrale qui ont passé trois heures à aider un retraité à se créer une adresse mail. Et en fait, voilà, les faire plonger dans le numérique pleinement. Et après, ils ont une masterclass obligatoire sur un sujet au choix. Et donc, ils ont eu des masterclass sur le cloud, etc. C'est vraiment approfondir des thématiques qui traitent au numérique. Voilà. Et tout ça, ça se déroule sur un an. Et aujourd'hui, on en a formé un peu plus de 200. Donc, quasi tous sont passés par cette formation. Là, maintenant, le gros défi qu'on a, c'est d'entretenir la culture numérique et de continuer à les former sur ce sujet.

Jihane Herizi : Et justement, on a écrit un article récemment qui était sur le site de la DINUM, qu'on mettra aussi en référence. Tu racontes une histoire dedans en lien avec l'armée. Dans l'interview sur une personne de l'armée qui s'est confiée. On vous laissera découvrir l'interview en bas du podcast. Fadila vous raconte un peu plus en détail ses convictions autour de la formation. Mais elle nous raconte aussi ses petites histoires que moi, j'ai trouvé génial. Où finalement, quand ils se retrouvent entre eux, ils parlent, ils ont besoin de parler et ça ouvre sur des champs de ces prochains mois où on va justement parler de performance durable, de résilience, de travail, d'économie du travail, des dirigeants, peut-être même un jour de santé mentale. En tout cas, on va ouvrir sur ces sujets là pour comprendre comment les dirigeants fonctionnent et de quoi ils ont besoin pour être résilients et que notre état soit plus souverain numériquement. Pour pouvoir faire ça et pour pouvoir les attirer, forcément, ils ne seraient pas venus travailler avec n'importe qui. Tu ne peux pas appeler les DACs comme ça et leur dire il y a une formation, il faut venir. Le campus a une marque forte. On a créé une marque forte, t'as créé une marque forte aujourd'hui autour du campus. Forcément, il y a une identité, il y a des valeurs, il y a une baseline. Tout a été créé autour de ça. Oui, c'est qui vous a aidé ?

Fadila Leturcq : Alors, c'est intéressant ce que tu dis, parce qu'effectivement, comme on s'adresse pour nous, nos premiers clients, entre guillemets, même si c'est gratuit pour l'instant, pour l'instant, pour nous, nos premiers clients, c'est les agents publics. Et pour pouvoir identifier campus, on avait besoin d'avoir une marque forte, d'être bien identifié auprès de ces agents publics. Et donc, au tout début de la création du campus, on a posé nos valeurs. On a posé nos convictions, on a identifié nos cibles, nos contours, etc. Et on s'est fait aider pour ça par l'APIE. L'APIE, c'est l'Agence du Patrimoine Immatériel de l'État. C'est un service de Bercy et c'est des personnes exceptionnelles qui nous accompagnent sur la création de marques. Et donc, ça, ça nous a permis de faire ressortir aujourd'hui tout ce que tu vois autour du campus. Donc, à la fois une baseline, une explication de ce qu'est le campus, une transmission de valeurs. Dans nos valeurs, il y a la souveraineté. Il y a plein d'autres choses aussi. Il y a le savoir, la transmission. Il y a plein de choses. Et notre logo qui est super, parce qu'en plus, il a des belles couleurs pop. Il donne envie, quoi. Ce n'est pas du bleu, blanc, rouge. C'est plus que du bleu, blanc, rouge.

Jihane Herizi : Oui, c'est vrai que j'ai été étonnée. Je me suis dit, tiens, c'est marrant, ils ont réussi à faire un truc qui sort un peu du design system de l'État. Même si ça se rapproche, c'est très proche et que vous avez respecté les règles, je trouve que ça donne un peu de peps. Du coup, c'est un peu le côté encore où on reprend un peu de pouvoir. Donc, on remercie l'APIE pour leur travail. Mais encore une fois, c'est encore un travail de start-up d'État. C'est encore on crée le produit. On commence à faire une première solution.

On crée l'équipe et on voit le logo après, les valeurs après, la baseline après. On n'a pas besoin d'un slogan et d'un site Internet, si on va parler du site juste après, d'ailleurs, pour pouvoir fonctionner. Le catalogue, c'est fait sans le site et on n'a pas besoin. Et donc, les gens, généralement, quand ils montent des produits dans l'État, c'est non, mais attends, on va avoir toute la communication. Ça va toucher tout le monde. On va faire une V12 directe. Il faut qu'on ait recruté tout le monde, qu’on ait payé tout le monde et il faut que tout soit prêt. Finalement, regarde, là, on a un petit logo pour le podcast. On monte les épisodes, on est en plein été. On n'a pas encore validé la suite, mais en juste, on lance, on fait. Et c'est ce que vous avez fait avec le campus.

Et là, vous êtes dit, ah, ça fonctionne. On va créer une marque forte autour de ça et on va se mettre sur un site Internet, mais on ne va pas faire de LMS, donc un endroit où on pourrait dire Podia, Systemio, Schoolmaker, tous les produits, en fait, où on se rend pour se former. Finalement, on n'a pas besoin de ça. On va rassembler, on va valoriser, mais on ne va pas créer d'outils. Et là, l'agilité fait qu'on utilise nos propres produits de no code, finalement, puisque le campus a été fait sur...

Fadila Leturcq : Sites Faciles. Sites Faciles qui est un outil qui permet de créer des sites Internet facilement, au sein de l'administration. En fait, c'est clairement ce que tu dis. Nous, on n'a pas voulu créer une boîte tout de suite. On n'a pas voulu créer la boîte et après la remplir. On a d'abord créé, identifié ce qu'on pouvait créer. Et ensuite, on a couvert, on a créé la façade. Voilà. Il fallait que nos bases soient solides quand même. Il fallait que nos fondations soient solides. Donc, tu as raison. En fait, on a cette marque-là. C'est arrivé progressivement. C'est arrivé après parce qu'on était sûr. En fait, je pense que si la marque aujourd'hui est forte, c'est parce qu'on avait déjà fait des choses avant. Et ça, je pense que c'est hyper important. On n'aurait pas pu créer juste une marque et juste une intention marketing sans avoir de contenu, sans avoir sondé les administrations, sans avoir créé cette première cartographie, ce premier catalogue. En fait, parfois, un produit, c'est un fichier et c'est le partagé.

Jihane Herizi : Les gens ont peur de ça. On a peur d'être jugé sur l'extérieur, sur est-ce que c'est beau ? Est-ce qu'il y a un logo ? Est-ce qu'il y a une baseline ? Et souvent, ce n’est même pas que les gens ont peur, c'est qu'on leur demande que le truc soit tellement carré avant que ça sorte. Alors que finalement, quand on regarde tout ce qui fonctionne aujourd'hui, c'est des trucs qui partent de rien. Aujourd'hui, le cahier de vacances, il est sur Docs. Les documents sont sur Resana. Les vidéos sont sur Tube. On n'a pas un endroit où on a tout mis et ça fonctionne très bien. On a eu plus de 1500 inscrits au cahier de vacances en à peine deux semaines. Donc finalement, et ça fait même du bien parce qu'on fait que ce qui est essentiel et on passe à l'étape d'après à chaque fois. Donc, vous avez créé le site Internet. Donc aujourd'hui, il y a des vidéos, des MOOCs, des classes virtuelles. Là, on fait le podcast. On lance des articles. Il y a des conférences, des serious games, des ateliers. Je sais qu'il y a du présentiel. Il y a du distanciel. Là, on a fait du distanciel avec le cahier de vacances. On fait du présentiel avec le booster Agile, avec la communication Agile parce qu'on veut créer du lien. C'est ce que tu as toujours voulu depuis le début. C'est ce que l'équipe a toujours voulu. Je dis on parce que je vous ai rejoint il y a quelques mois et que on est tellement d'accord sur ce qu'on fait que du coup, pour moi, c'est le on de je suis tellement à fond dans ce qu'on fait qu'on le fait ensemble. Mais les communautés de l'apprentissage, on a des gens sur Tchap aujourd'hui. Ils se parlent entre eux. Les gens se rencontrent, ils se voient, ils prennent des verres. Et vraiment, c'est beau à voir parce qu'aujourd'hui, toi, tu penses qu'on ne peut pas miser que sur le distanciel. On ne peut pas miser que sur synchrone, asynchrone, distanciel, présentiel. Il faut un mix. Le campus pour toi doit être un mix de tout. En fait, c'est la bonne modalité de formation au bon moment.

Fadila Leturcq : Et en fait, il y a quelque chose qu'on oublie souvent. Et quand j'ai créé le campus, tout le monde a pensé que ça allait être une plateforme de formation en ligne. Sauf que moi, je ne suis pas, comme tu disais, un LMS. En tout cas, le campus n'est pas un LMS. Un LMS, c'est le Learning Management System. En gros, c'est un outil de diffusion de MOOCs et de vidéos en ligne. Nous, initialement, le campus, c'était diffuser des compétences, mais ça ne voulait pas dire être une plateforme de formation en ligne parce que, par ailleurs, elle existe déjà en interministérielle. Ça s'appelle Mentor et ils ont déjà fait le taf. Donc, on ne va pas, nous, s'investir. On ne voulait pas réinventer la poudre. Comme je t'ai dit, on voulait se situer dans l'existant et on ne voulait pas réinventer la poudre. Pour nous, la formation en ligne, c'est un vecteur, mais parmi d'autres vecteurs. Et par ailleurs, il y a aussi une attention particulière à porter. Quand on est dans le numérique, on a parfois cette déformation professionnelle de penser que tout doit passer par le numérique. Et moi, je pense qu'en fait, tous les agents et toutes les personnes au monde n'apprennent pas de la même façon. Il y en a qui ont besoin de contacts visuels avec d'autres personnes et d'échanges avec d'autres personnes pour apprendre. Il y en a qui ont besoin d'écouter des récits pour apprendre. Il y en a qui ont besoin de faire pour apprendre. Il y en a qui ont besoin de lire beaucoup pour apprendre. En fait, on n'a pas tous, cognitivement, les mêmes capacités, faire les mêmes capacités, pardon, ce n’est même pas en termes de capacités, mais les mêmes vecteurs d'apprentissage. Et donc, pour moi, c'était hyper important déjà de penser plusieurs modalités de formation lorsqu'on pense formation au campus. Et l'objectif de chaque produit de formation, c'est d'avoir la bonne modalité pour la bonne compétence, pour le bon agent public.

Jihane Herizi : Avec aussi le bon formateur ou la bonne formatrice sur la bonne expertise pour le bon apprenant. En gros, qui est-ce qu'on choisit ? Quand est-ce qu'on choisit de se faire former ? Ça, tu l’as fait aussi parce que t'as désiloté, tu travailles avec des partenaires. Aujourd'hui, le campus ne te dit pas je travaille tout seul. Il y a Québec, l'UNESCO, il y a plein de partenaires, il y a l'INRIA…

Fadila Leturcq : Oui, ça, c'est hyper important parce qu'en arrivant dans le paysage interministériel, le campus n'était pas seul. Tu as des ministères qui avaient déjà des académies de formation au numérique. Tu as des ministères qui avaient déjà des organismes de formation en propre. Par exemple, au ministère des Armées, ils avaient l'académie du numérique de défense. A Bercy, ils avaient déjà l'IGPD. Donc, en fait, ce paysage-là existait. Nous, notre objectif, c'était de se dire on arrive sur le segment du numérique. Comment on fait front commun avec eux pour accélérer la formation au numérique et l'acquisition de compétences numériques par les agents publics ? L'idée, c'était vraiment de les rassembler. Donc ça aussi, l'aspect communauté, il est important. Quand je te disais tout à l'heure, on a essayé de se situer dans l'existant, se situer dans l'existent c’est aussi identifier nos pairs, nos alliés, les partenaires pour mutualiser et faire front commun et créer des communs numériques, des communs de formation. J'aime bien dire les communs de formation, vu que c'est l'avenir, les communs. Mais voilà, c'est l'avenir, les communs. Et donc, l'une des choses qu'on a fait assez vite après la création du campus, ça a été de créer un forum dédié à tous ces partenaires-là, tous ces référents formation en interministériel. Parce que c'est eux qui viennent nous dire ce dont les agents ont besoin. Nous, dans notre tour d'argent interministérielle, c'est un peu pour caricaturer, mais dans notre tour d'argent interministérielle, on n'est pas au plus près des besoins du greffier ou du policier ou du gendarme ou du militaire ou du civil de la défense. En fait, c'est ces acteurs-là qui viennent nous dire ce dont ils ont besoin.

À partir de ça, on identifie ce qu'ils peuvent faire commun entre les ministères et on appuie tous les projets de création de produits, voire d'expérimentation de produits de formation par cela. Et donc, on a toute cette communauté qu'on anime, on les rassemble une fois par trimestre désormais autour du forum et on mène aussi des actions de formation très concrètes avec eux. On produit des produits de formation avec eux, des parcours de formation. Et à côté, on a aussi des partenariats internationaux. Tu as cité le Québec, tu as cité l'UNESCO. Alors pourquoi des partenariats internationaux ? C'est hyper intéressant. Naturellement, on ne penserait pas qu'un campus du numérique dédié aux agents publics ait à faire des partenariats internationaux. Néanmoins, pour nous, c'est très intéressant parce qu'en fait, déjà dans l'espace francophone, et c'est pour ça qu'on a eu un partenariat pendant deux ans avec le Québec, les besoins de formation des agents publics sont les mêmes. Et en plus, on a l'avantage de créer des formations en français. Et donc, le deal qu'on a fait avec l'Académie de la transformation numérique du gouvernement québécois, qui est émergée à l'université Laval, ça a été de se dire, bon, nous, on a des experts sur des sujets que vous, vous n'avez pas. Pourtant, ils portent des sujets de formation dont vous avez besoin. Je prends l'exemple du numérique écoresponsable ou de l'agilité. Eux, ils ont beaucoup de contenu online et nous, on a envie d'en faire. Mais en fait, pourquoi en faire si vous vous en avez en français ? Et donc là, l'idée, ça a été d'avoir un échange de mots procédé. Et donc, nous, on leur a permis d'interviewer des experts français sur des questions assez pointues et nouvelles au sein du gouvernement québécois et de créer des MOOC. Et inversement, nous, on a été faire notre liste de courses dans leur catalogue de formation. Et pareil pour l'UNESCO. L'UNESCO, eux, ils ont toute une alliance de gouvernements du monde entier. Et ils ont un service qui est dédié à la transformation numérique des gouvernements et qui a un angle autour de la formation. Mais donc là, à titre d'exemple, l'UNESCO, ils sont en train de monter un MOOC sur l'intelligence artificielle avec l'université d'Oxford. Ils demandent à plusieurs pays de contribuer pour faire remonter des cas d'usage, des exemples de transfo, etc. Et ce MOOC va être traduit dans toutes les langues. Donc nous, ça nous intéresse plutôt que de refaire notre MOOC. Et s’il faut rajouter des briques à ce MOOC pour avoir du contexte franco-français, on le fera, mais voilà.

Jihane Herizi : L'idée, c'est de faire récupérer l'existence, finalement, travailler avec les autres en réseau et ne pas refaire l'eau en poudre.

Fadila Leturcq : Exactement. Mutualiser, mutualiser, mutualiser.

Jihane Herizi : Je vous laisse imaginer ce que c'est que l'eau en poudre. C'est vrai. Donc, de manière générale, ce que tu dis pour le résumer, c'est qu'il faut travailler avec des experts, mais il faut les aider. A la DINUM par exemple, aujourd'hui, il y a plein d'experts qui peuvent former, mais ils ne sont pas formés à la pédagogie. Et du coup, c'est toujours de la logique, du code. Ce ne sont pas des gens qui ont appris à mobiliser l'attention. Et donc, de manière générale, dans le réseau, c'est ceux qui savent déjà faire l'existant. On rajoute des briques, on travaille avec eux. Et de l'autre côté, ceux qui savent déjà faire, mais qui ont du mal à transmettre, on les aide à transmettre. On pourrait résumer ça comme ça, finalement.

Fadila Leturcq : Oui, tu as touché un point très important, parce que qui forme au campus ? En gros, la vraie question, c'est qui forme au campus ?

Jihane Herizi : Parce qu'on cherche des gens pour former au campus. Donc, c'est bien de faire appel aujourd'hui aux compétences.

Fadila Leturcq : Ça, ça fait partie des problèmes qu'on avait à investiguer. En gros, on se rendait compte que dans les problèmes qu'on avait à identifier, c'est qu'aujourd'hui, pour se former, il faut passer par des marchés interministériels parce que les règles du recours aux prestations extérieures sont telles qu'elles sont au sein de la fonction publique. Et on a recours à des organismes de formation qui, parfois, proposent des formations sur catalogue qui sont totalement hors sol des besoins des agents publics. Donc, ça, c'est un des problèmes qu'on avait identifiés. Donc, nous, on a toujours ce véhicule parce que c'est hyper important. Ces organismes de formation là, par exemple, ils sont toujours alertes au regard de l'arrivée de nouvelles technologies, etc. Donc, ils peuvent nous apporter de la formation. Mais on s'est dit qu'on n'allait pas se contenter que de ça. Et donc, il y a deux choses qu'on a souhaité activer au campus. C'est le recours à des formateurs indépendants, parce que, comme je te disais, le numérique, ça va très vite. Et en fait, parfois, il vaut mieux aller chercher un formateur indépendant qui ait la bonne compétence et qui connaisse la fonction publique et les besoins d'un segment de la fonction publique pour délivrer cette compétence. Et surtout, on a développé un réseau de formateurs internes occasionnels parce qu'il y a plein de choses qui motivent ça. Il y a le fait que dans le numérique, on a des super experts. On a des experts qu'on aimerait mettre en visibilité. Ça participe de l'attractivité. Ça participe de la marque employeur. Ça participe de leur rétention. Ça participe de reconnaître leurs compétences aussi. Pour moi, c'est une forme de, ce qu'on dit dans le privé, c'est des rewards. Mais pour moi, c'est une forme de reconnaissance, en fait, que de les nommer formateurs internes occasionels. Et par ailleurs, la fonction publique est bien faite parce que ce statut là est rémunéré. Et donc, c'est aussi un incentive que d'être formateur interne occasionnel. Après, tu ne peux pas faire ça toute ta life. Tu ne peux pas non plus passer 75% de son temps à former. Néanmoins, tu as une forme d'incentive à partager ta compétence et à la délivrer. Et donc, on s'est dit là où on est en tension à la fois budgétaire, à la fois en termes d'effectifs, etc. En fait, on a une mine d'or devant les yeux de gens compétents. Utilisons-les aussi pour transmettre des compétences.

Jihane Herizi : Donc aujourd'hui, on est toujours à la recherche de personnes compétentes. Donc, on mettra également dans les notes du podcast le lien de formateur interne occasionnel. Si vous sentez que vous êtes expert de votre sujet, que vous avez envie d'être pédagogue, de transmettre, de donner envie, de venir avec nous pour former les gens sur un certain sujet, on vous met les notes en bas du podcast. N'hésitez pas à nous contacter pour qu'on travaille ensemble, tout simplement. Je vais te donner un défi, je vais te poser deux questions. J'aimerais avoir ton rapport d'étonnement après un an et demi de campus en cinq points. Et j'aimerais que tu me racontes ton propre rapport à la formation en trois points. On commence par le rapport d'étonnement.

Fadila Leturcq : Écoute, gros défi, mon rapport d'étonnement après un an et demi de campus, donc tu as dit cinq points. En fait, je pense que le premier constat que je fais après un an et demi d'existence du campus, c'est que les administrations, elles n'attendaient que ça. Elles n'attendaient que ça et elles continuaient à avoir des très, très fortes attentes.

Jihane Herizi : On a beaucoup de demandes en réalité.

Fadila Leturcq : On a beaucoup de demandes et on le voit, on a des listes d'attente à rallonge. Sur certaines formations, on a des centaines d'agents publics qui sont sur les lits d'attente. Sur d'autres, on a des milliers d'inscrits.

Jihane Herizi : Sur le webinaire NoCode, on a fait plus de 3000 inscrits. Je crois qu'à midi, en sein de webinaire, il y avait encore 1500 personnes qui étaient connectées. Et sur l'agilité, là, sur le booster numéro 1, on avait, je crois, plus de 200 personnes qui s'étaient inscrites pour 80 places. Et on a re-eu encore 200 personnes alors qu'il y avait déjà une liste d'attente de plus de 120 personnes. Et donc, on doit faire des choix. Ce n'est pas des chiffres bidons qu'on donne. Il y a vraiment des milliers sur les webinaires et des centaines de personnes en liste d'attente.

Fadila Leturcq : En fait, c'est un peu ça. Et mon rapport d'étonnement, c'est qu'on sent qu'on est utile. On sent que ce qu'on fait est positif parce que ça attire les agents publics. On sent qu'il y a un besoin et qu'ils ont envie de se former. En plus, c'est très positif. Ça nous donne encore plus envie d'agir parce qu'on sent que l'élan de formation, il est là. On sent que les administrations sont heureuses qu'on existe. Le truc, c'est que c'est aussi vertigineux parce qu'on ne peut pas encore répondre à tous les besoins. Donc ça, c'est un petit peu le premier point de rapport d'étonnement. Ce qu'on fait est utile, mais ça fait peur parce qu’il y a de fortes attentes en face, exactement.

Jihane Herizi : J'imagine qu'à un moment donné, il va falloir mettre en place un modèle économique pour pouvoir faire tenir campus et rémunérer des formateurs. Et on va devoir y arriver.

Fadila Leturcq : Exactement. Ce n'est pas encore une urgence, mais c'est un point de réflexion. Deuxième chose, en interministériel, on se rend compte que c'est un peu illusoire de vouloir tout faire. On ne peut pas tout faire. On ne peut pas tout faire parce qu'on n'a pas tous les moyens du monde. Et ça, on vient de l’évoquer. Le passage à l'échelle, il est difficile. Comme je te disais en début de podcast, on parle de millions d'agents issus de différentes administrations. Alors effectivement, la formation online, ça permet d'avoir plein d'agents qui se forment. On peut avoir plus de 5 000 agents qui vont se former en une semaine sur un module. Et ça, c'est génial. Mais comme je disais, ce n'est pas parce qu'on se forme online qu'on a acquis la compétence. Et tout le monde n'apprend pas de la même façon. Il y a cet enjeu du passage à l'échelle. Et par ailleurs, le spectre des métiers et de l'administration, il est beaucoup trop large pour qu'on puisse former à la maille des missions et des expertises. Et donc, il y a plein de métiers aussi qu'on ne connaît pas. Le campus est hébergé à la DINUM. Mais moi, à la DINUM, je ne connais pas un directeur d'établissement culturel. Je ne connais pas les contours de son métier au quotidien. Je ne vais pas connaître les contours du métier d'un gendarme. Je ne vais pas connaître les contours du métier d'un directeur de greffe, d'un diplomate. Donc en fait, on a ce besoin de travailler étroitement avec les ministères et de faire du sur mesure. On a, comme je te disais tout à l'heure, des partenaires et des référents interministériels. Heureusement qu'ils sont là parce qu'ils nous permettent de mieux connaître les populations. Et en fait, c'est à la fois des bons relais et même eux-mêmes, nous apportent énormément pour nourrir nos catalogues de formation. On a des acteurs de la formation continue dans certains ministères aussi qui agissent au plus près de ces agents. Je te parlais de l'IGPDE, mais je ne t'ai pas parlé de l'École nationale de la magistrature. Par exemple, avec l'École nationale de la magistrature, l'année de la création du campus, on a créé un cycle approfondi au numérique. C'est un cycle dédié aux cadres dirigeants supérieurs, en tout cas les greffiers, les directeurs de greffe, les magistrats du ministère. Et donc, c'est un cycle de neuf mois autour du numérique. Et pourquoi on l'a fait avec l'ENM ? En tout cas, c'est l'ENM qui a pris l'initiative de le faire. Mais pourquoi ils l'ont fait avec nous ? Parce qu'eux, ils connaissent bien le métier, mais nous, on connaît bien le numérique. Et donc là, l'idée, c'est de créer des alliances avec des organismes de formation. Et après, comme je te disais, comme on ne peut pas tout faire, je pense que l'un de nos gros défis pour le passage à l'échelle, c'est de former des formateurs internes occasionnels. En fait, faire de la formation de formateurs qui pourront être peut-être le relais de nos formations en interne ministérielle. Et c'est très drôle aussi, il y a des ministères qui commencent à avoir des idées. Ils veulent créer des spin-offs du campus du numérique public dans leur administration. C'est le cas du ministère de la Justice. Je ne sais pas si tu as lu le dernier rapport sur l'IA en justice qui a été remis au garde des Sceaux il y a quelques semaines. Et donc, dans les propositions, il était proposé de créer une spin-off du campus du numérique public, donc un campus du numérique justice. Alors moi, je serais ravie d'accompagner le ministre de la Justice dans la création d'une filiale.

Jihane Herizi : Donc les administrations n'attendent que ça. C'est ambitieux, on ne peut pas tout faire. Le troisième point de rapport d'étonnement, ça serait quoi ?

Fadila Leturcq : Alors, la formation, ce n'est pas quelque chose de neutre. Alors ça, c'est un sujet très... C'est un étonnement qui est assez touchy. Et en fait, là, je me nourris aussi de mon expérience dans le privé pour m'étonner de ça. En fait, moi j'ai une vision, c'est dans l'administration qu'il y a accès à la formation, accès au pouvoir. C'est le cas dans plein d'administrations privées aussi, mais dans l'administration, c'est quand même assez marqué. En fait, normalement, la formation, ce n'est pas qu'un outil d'apprentissage, c'est aussi un dispositif de gestion de carrière. Mais dans certains cas, ça peut devenir un dispositif de contrôle, parce qu'on a une hiérarchie qui peut décider de qui y accède et qui n'y accède pas. On a déjà eu le cas. On a eu des personnes qui voulaient faire une formation et qui ont été empêchées par leur hiérarchie. Et moi, je constate encore que, même si nos formations sont gratuites pour l'instant, comme je disais, il y a encore du management, des responsables hiérarchiques des administrations qui limitent l'accès à la formation de certains de leurs agents. En général, les arguments qu'on nous a pensés, ça ne correspond pas au poste. Il faut un projet avant de se former. Ce n'est pas un agent que je fais prioriser. L'agent n'a pas le temps de consacrer C'est horrible d'entendre ça. Moi, je remarque que ça concerne surtout les femmes.

Jihane Herizi : C'est vrai. Aussi.

Fadila Leturcq : Aujourd'hui, je trouve que la formation de la fonction publique, elle est un peu trop normée. Et l'idée même de devoir demander à son supérieur hiérarchique l'autorisation pour se former, pour moi, elle est aujourd'hui dépassée. Je te dis ça parce que je te faisais le parallèle tout à l'heure avec mon expérience dans le privé. Quand j'étais dans le conseil dans le privé, nous, on avait une plateforme de formation. Déjà, on avait des formations obligatoires pour maintenir à l'état de l'art nos compétences.

Jihane Herizi : À Accenture, on avait ça aussi. Dans le conseil, c'est comme ça.

Fadila Leturcq : Exactement. Tu as un socle de compétences. En fait, il faut qu'ils soient maintenus pour aussi ces gages de qualité du service qu'on rend. Et après, on avait un accès à la formation, mais qui était complètement illimité. Parce que la diversité de sujets qu'on abordait, et c'est le cas aussi dans la fonction publique. Dans la fonction publique, un fonctionnaire peut passer d'un ministère à l'autre, d'un métier à l'autre. Donc, la diversité de sujets qu'on abordait faisait qu'on avait besoin d'avoir une culture générale très large sur plein de sujets quand on faisait de la transfo. Et donc, moi, j'aimerais que demain, l'administration, ça devienne une organisation apprenante. Voire même, j'aimerais militer pour qu'on ait des jours obligatoires de formation aux compétences numériques, tant c'est important aujourd'hui dans l'exercice du métier de l'administration. Et donc, voilà. Ça, c'est un des points du rapport d'étonnement que j'ai. La liberté de se former.

Quatrième point. Quatrième point. Quand est-ce qu'on s'intègrera à la formation initiale ?

Jihane Herizi : On essaye un petit peu, mais c'est encore compliqué. C'est laborieux. Oui. Forcément, Sciences Po, tu y fais quelques points. Mais c'est à ton nom.

Fadila Leturcq : C'est à mon nom. Et en fait, dans les écoles du service public, aujourd'hui, nous, le mandat du campus, c'est de faire de la formation continue au service du stock de fonctionnaires et d'agents publics existants.

On ne nous a pas demandé de former le flux. Donc, toutes ces écoles du service public, je pense, par exemple, aux écoles, je ne sais pas, l'école nationale de gendarmerie, l'école nationale de police, l’INSP, les IRA, etc. Ce sont des écoles qui vont former les futurs fonctionnaires et aux fonctionnaires de demain. À mon sens, c'est très important qu'on puisse travailler avec eux pour qu'ils aient un socle de base en compétences numériques et que ce socle-là puisse être enseigné dans les modules de formation dans ces écoles. Ça, c'est la première chose. Et deuxième chose, il faut aller plus loin et travailler sur l'évolution des métiers et la façon dont l'IA et le numérique vont venir impacter ces métiers pour sans cesse rien déroger les parcours de formation, les modules qui sont délivrés. Parce qu'en fait, on ne peut pas former un magistrat ou un greffier ou un policier ou un gendarme en 2020, comme on le ferait demain en 2026. Parce que les métiers vont évoluer. Le numérique va impacter profondément ces métiers, donc c'est hyper important de pouvoir être dans une approche itérative au regard des programmes de formation.

Jihane Herizi : Tu parles beaucoup des métiers de sécurité parce que tu es réserviste et tu fais partie un peu de ces domaines-là. On entend tout à l'heure greffier, policier, gendarme, c'est parce que tu vois au jour le jour ces personnes autour de toi dans les autres fonctions.

Fadila Leturcq : C'est mon côté régalien. Et peut-être pour terminer sur le rapport d'étonnement, comme on a évoqué la question de l'argent, la question de l'investissement dans la formation. Pour moi, la formation, ça reste encore trop vu comme un coût à maîtriser plutôt que comme un investissement. On parle beaucoup de transformation, de réinternalisation des compétences numériques, d'agilité, de culture du changement. Mais en fait, il faut arrêter de voir la formation comme une dépense, mais vraiment comme un investissement structurant parce que c'est ça qui va nous permettre de remplir ces impératifs et ces objectifs de réinternalisation des compétences et d'aboutir à notre souveraineté. Comme je te disais, mon expérience dans le Conseil m'a vraiment forgée là-dessus. Je vois la valeur de la formation. Ce n'est jamais perdu de former un agent.

Jihane Herizi : Surtout que c'est gratuit. Alors qu'en fait, les gens payent à l'extérieur des milliers d'euros. On a estimé le booster agile à au moins 1500 euros. Et ce sont des frais qui sont offerts. En plus, il y a le cocktail, il y a le café. Alors certes, on ne paye pas les logements et les déplacements parce qu'on est sur quelque chose d'assez lean. Mais si demain, on avait un modèle économique, on pourrait prendre en charge. Mais en réalité, ça ne coûte presque rien. Si ce n'est que on a eu le cas avec une des formations avec deux personnes de l'armée qui ne se parlaient plus, qui avaient du mal à travailler ensemble. Une journée de formation, ils se sont reparlés. Ça veut dire un produit qui fonctionne mieux. Donc finalement, c'est un jour de formation pour peut-être un an de gagné sur un produit. C'est un investissement qui en plus n'est pas extrêmement coûteux pour l'instant. Si on rappelle les cinq points, moi j'ai noté les administrations n'attendaient que ça et elles continuent d'avoir de fortes attentes. En interministériel, c'est ambitieux et illusoire de penser pouvoir tout faire. La formation n'est pas neutre et qui a accès à la formation a accès au pouvoir. J'ai presque envie de la mettre en titre de podcast. Quand s'attaquera-t-on à la formation initiale, tu m'as dit, et la formation reste trop souvent perçue comme un coup à maîtriser plutôt qu'un investissement. Ce sont tes cinq points de rapport d'étonnement après deux ans de campus maintenant. Pour terminer, moi j'aimerais qu'on revienne à toi, à ton agilité autour de la formation et puis on fera probablement un autre épisode sur la suite du podcast pour parler un peu de ton parcours et de toi, ta vision de l'agilité et en quoi tu es agile.On a beaucoup parlé du campus et c'est très important pour que les gens comprennent d'où ça vient, d'où c'est né tout ça. C'est un vrai travail, c'est un gros travail. Je veux dire, ce n’est pas un logo, une baseline et un site internet et trois pèlerins qui sont derrière un bureau en train de s'amuser. Moi je le vois au jour le jour. C'est une vraie équipe et c'est comment on se bat, comment on travaille tous les jours. C'est parfois des journées où tu finis très tard, où les gens sont hyper actifs dans l'équipe pour répondre, où on essaye toujours de se dire, ok, il y a un besoin, comment on y répond rapidement et c'est déjà interministériel, c'est des besoins tellement vastes, des profils tellement vastes. Là j'aimerais qu'on parle de toi et de ton rapport à la formation. Je t'ai donné un défi en trois points. Ça donnerait quoi ton rapport à la formation ?

Fadila Leturcq : Premier point, mon rapport à la formation, je pense que c'est apprendre à apprendre. Toutes les études nous montrent que de toute façon, on ne fera pas le même métier toute notre vie. Il me semble que c'est entre trois et sept fois qu'on va changer de métier au cours de sa vie professionnelle. Moi, j'ai déjà un peu plus de dix ans d'expérience et j'ai dû déjà changer deux ou trois fois de métier. J'ai été consultante, j'ai été dirigeante dans un think tank dédié au DRH.

Jihane Herizi : Tu as été RH, chef du campus. Finalement, tes compétences sont les mêmes. C'est des noms de métiers, mais tes compétences sont les mêmes.

Fadila Leturcq : Exactement. Les compétences, j'ai pu naviguer dans certaines compétences. Pour moi, naviguer, c'est apprendre à apprendre. C'est apprendre à s'adapter en permanence. C'est apprendre à développer une certaine curiosité. Moi, mon rapport à la formation, ça a été souvent quand je voulais aborder un nouveau sujet ou un nouveau métier, d'aller apprendre toute seule, de lire beaucoup, parce que j'aime bien lire et que c'est comme ça que je me nourris, d'aller rencontrer des personnes qui font ce métier, de faire des formations courtes ou longues, des projets associatifs aussi. Moi, ça m'a beaucoup formée. D'aller demander à des potes qui travaillent dans certains secteurs d'activité, qui m'intéressent, de passer une journée avec eux : un « vis ma vie », un « vis mon job ».

Pour moi, il faut se mettre en condition où on va chercher le savoir, parce que de toute façon, il ne nous sera pas servi sur un plateau ou quand il nous est servi sur un plateau, il est fait souvent au sein d'organisations qui ont envie que tu acquières une compétence, certes, au service du métier, de la mission de l'organisation, mais est-ce que c'est à ton service ?

Jihane Herizi : C'est intéressé.

Fadila Leturcq : Deuxième rapport à la formation, ça rejoint un petit peu ce que je disais sur Apprendre à apprendre. Pour moi, il faut être agile dans sa carrière. Être agile dans sa carrière, mais ça, vous le verrez tout au long du podcast, je pense. C'est se former, bien sûr, et ne pas attendre d'avoir l'autorisation pour le faire. C'est sortir du cadre, oser, créer des ponts. Moi, j'ai beaucoup multiplié les expériences extra-professionnelles, parce que je trouve que ça a été un accélérateur dans ma carrière, dans mon apprentissage. Ça m'a beaucoup nourrie. Ça a nourri mon assertivité. Ça a nourri, je pense, une petite partie de leadership. En fait, j'ai gagné en assurance en allant me former à l'extérieur des organisations dans lesquelles j'étais. Et je pense que c'est hyper important d'apprendre à sortir du cadre. Et je trouve ça dangereux, en fait, comme on voit beaucoup dans des gros groupes, ou dans des big fours dans lesquelles j'ai travaillé, ou un peu partout dans toutes les organisations, de confier son destin professionnel à un service RH. Je pense que nos aspirations changent tout au long d'une carrière, nos envies aussi. Il faut pouvoir s'écouter, il faut pouvoir se prendre à main. Il faut être proactif dans sa carrière, au point d'aller suggérer des choses à ces services RH, plutôt que d'attendre que nos services RH viennent nous suggérer des choses. C'est pour ça que je pense qu'il faut décomplexer les gens vis-à-vis de la formation. En tout cas, moi, je suis vraiment décomplexée par rapport à ça, et je pense que c'est important d'aller chercher de savoir où il est, et d'être proactif dans sa carrière.

Jihane Herizi : Finalement, est-ce qu'il ne faudrait pas une formation « apprendre à être son meilleur gestionnaire de carrière » ? On a fait la communication Agile, « être son communiquant, son chargé de déploiement H24 », est-ce qu'on ne ferait pas un produit, devenir son gestionnaire de carrière ? On a fait des RH toutes les deux.

Fadila Leturcq : On y va.

Jihane Herizi : On vient de le lancer en direct. Vraiment, ce n'était vraiment pas prévu, donc on vous tient au courant dès qu'on a une date.

Fadila Leturcq : Voilà, donc on y va. Et peut-être aussi un truc qui est relié à ça, c'est que je pense qu'il ne faut pas avoir honte de déclarer les compétences qu'on a, qui ne correspondent pas au poste. Ça, c'est hyper important, et moi, pendant longtemps, j'ai siloté mes mondes. Pour tout te dire, pendant longtemps, j'ai siloté mes mondes. Il y a des choses que je faisais dans le cadre extra-professionnel, et je ne voulais pas que ça se sache dans le cadre pro, parce que j'étais dans des cadres très normés, et en fait, il ne fallait pas sortir du cadre, mais en fait, je pense que non, au contraire, c'est une richesse, parce que c'est à la fois accélérateur de carrière, mais aussi, tu peux être identifié comme une personne qui peut aider sur des sujets nouveaux, parce que tu peux apporter une brique de compétences nouvelle dans une organisation. Donc ça, je pense que c'est hyper important. Pourquoi tu souris ?

Jihane Herizi : Parce que tu connais mon postulat, qu'il n'y a pas des limites entre la vie personnelle et la vie professionnelle, et qu'en fait, les gens se font du mal à essayer d'esquiver, en se disant, oui, mais non, oui, mais c'est là, c'est pas comme ça, mais en fait, c'est ça qui fatigue. Alors que si tu es dans le flot, et que tu passes de l'un à l'autre comme ça, et que tu es la même personne, et bien en fait, on te découvre des choses, et qu'en fait, on vient te chercher, et la preuve de ce podcast, on vient te chercher sur ce truc en disant, attends, tu fais ce truc-là ? Attends, mais je ne savais pas, mais nous, on a besoin. Mais déjà, il faut voir quelqu'un qui sait faire un truc pour des fois penser aux besoins qu'on a. Donc, s'il vous plaît, décomplexez-vous. C'est le hashtag du jour, et montrez ce que vous savez faire, même si ce n'est pas en lien avec votre poste, parce que finalement, c'est ça qui fait qu'on monte en escalier. C'est en faisant d'autres choses, où on t'a dit, attends, tu sais faire ce truc, mais on pourrait l'utiliser d'ailleurs, tu vois ? Mais si tu ne le dis pas comme on sait ? Être à l’aide avec soi-même, être en conscience avec soi-même, et rendez-vous à l'épisode 4, j'en parlerai un peu plus.

Fadila Leturcq : Dernier point, et ça, je te l'avais dit, il me semble, dans la formation, dans l'interview qu'on avait faite, c'est que moi, il y a une phrase que j'aime bien, c'est, il faut penser contre soi-même, et je t'avais dit, moi, je crois qu'il faut se former contre soi-même. En fait, aller, soyez curieux, aller là où on ne connaît rien, aller là où on ne nous attend pas, parce que, de toute façon, c'est de l'apprentissage qui est fait. Je pense qu'il faut raviver la curiosité au travail. Dans le numérique, je le vois beaucoup. En fait, c'est important, pour les numériques, d'aller voir les métiers, et pour les métiers, d'aller voir les numériques, pour se comprendre, parce que souvent, c'est des mondes qui ne se comprennent pas, c'est des mondes qui, parfois, n'arrivent pas à définir les frontières aussi qu'il y a entre eux, les forces de chacun et les forces de l'autre. Et donc, pour moi, c'est hyper important d'aller dans des domaines inconnus, d'aller apprendre de l'autre, etc., parce que c'est comme ça qu'on arrivera mieux à collaborer.

Jihane Herizi : Je me demande si on ne va pas créer un autre truc, du coup « Vis mon job du numérique », dans le Campus. Si vous êtes partant, je vais créer un questionnaire, en dessous de l'épisode, je viens de l'annoncer, encore une fois, ce n’était pas prévu. Si vous avez envie que d'autres personnes, dans d'autres ministères, viennent voir ce que vous faites, et que vous avez envie, vous, de venir voir ce qu'il se passe dans d'autres ministères, on va vous faire matcher, et ça sera vis mon job en interministériel, dans le numérique, on l'a pas encore appelé, puisqu'on vient d'en discuter. Ça me fait penser à un truc, ça me fait sourire, j'ai une amie qui s'appelle Mathilde, qui un jour est entrée dans une salle de sport, et qui s'est trompée de cours, et qui est entrée dans un cours de MMA, alors qu'elle n'avait jamais fait de MMA, elle est devenue championne de MMA de France à plusieurs reprises, elle n'aurait jamais pu le savoir, sans rester dans le cours, c'est-à-dire qu'elle est rentrée, elle s'est rendue compte qu'elle s'est trompée de cours, elle est restée, et en fait, elle s'est découverte des capacités de MMA, et elle est championne de MMA de France, vous pouvez taper dans Google Mathilde, je vous donnerai son nom de famille, et en fait, elle raconte son histoire à la caméra, et en fait, je me dis, c'est la même chose, bon, on va pas devenir championne de MMA en interministériel, mais c'est la même chose, c'est-à-dire, rentrer dans des endroits qu'on ne connaît pas, y rester, penser contre soi, se dire attends, je vais aller voir quand même, je vais voir si ça me plaît ou pas, il va rien vous arriver, il va rien se passer, la seule chose qu'on fera au pire, c'est d'avoir appris un truc, dont on s'en moque, et ça ira au combat, à quelqu'un d'autre finalement, ou on pourra dire à quelqu'un d'autre tiens, tu voulais faire ce truc, moi je l'ai fait, j'ai pas aimé, mais c'est pour toi. Fadila, c'était un long épisode, de 1h20 et quelques, mais c'était essentiel pour ouvrir cette saison qui va être très riche, je le sens, avant de parler avec Mélodie dans l'épisode 2, est-ce qu'il y a quelque chose que je ne t'ai pas demandé, quelque chose que tu souhaiterais ajouter, que tu souhaiterais dire, un conseil, une parole, quelque chose avec lequel tu souhaiterais laisser les personnes qui nous écoutent aujourd'hui ?

Fadila Leturcq : Venez visiter le site du campus. Venez visiter le site du Campus, évidemment vous aurez le lien.

Jihane Herizi : Le campus du numérique de la DINUM. On leur dit merci pour être restés jusque-là, vous êtes des warriors si vous êtes restés jusque-là, et surtout si vous êtes restés jusque là, c'est que vous avez envie d'écouter la suite, c'est que vous avez envie d'en apprendre plus sur l'agilité, et on a plein de formations qui arrivent, on vous embrasse, on vous souhaite une belle journée, merci Fadila pour tous ces éléments hyper intéressants, et j'adore travailler avec toi.

Fadila Leturcq : Merci, moi aussi. Salut !